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Le quart d'heure du quatre-heures cinématographique et autres douceurs
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  • "Le quart d'heure du quatre-heures cinématographique et autres douceurs" regroupe des analyses, critiques, récits, points de vue personnels sur le cinéma, le théâtre et l'art. A lire avec un thé ou un chocolat chaud.
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7 mai 2012

"2 days in New York" (2012), Julie Delpy

546575_10150695339989507_656219506_9088821_556405342_nPour être honnête, un certain scepticisme m'a chatouillée quant au choix de 2 days in New York que j'imaginais comme une comédie romantique rose-bonbon, façon Sex & The City à la sauce hexagonale, emplie de clichés creux sur les couples mixtes et les différences culturelles entre la France et les USA. Et puis, je le concède, un autre problème, encore plus effrayant, s'est imposé à moi : celui de la place tentaculaire de Julie Delpy, à la fois actrice, réalisatrice, scénariste, productrice, et même compositrice, qui me laissait présager des reflux narcissiques de son dernier film, La comtesse.

Je l'admets, mes idées préconçues et quelque peu flottantes ont été mises à mal dès la scène d'ouverture sur un théâtre de marionnettes décalé où les personnages d'un conte de fée ont laissé place à ceux, moins romantiques, de la famille de Marion. Or, c'est bien là que se trouve la signature de Julie Delpy qui se sert de la réalité comme une pâte à modeler qu'elle malaxe jusqu'à l'extrême pour inventer des portraits caricaturaux, voire grand-guinolesques, hauts en couleurs et parfois fantaisistes. Ce mélange crée une comédie satirique qui interroge les clichés à l'intérieur d'une famille recomposée et foutraque dont on suit les aventures avec un certain plaisir grâce à une narration fluide servie par le montage efficace de Judy Rhee qui s'amuse aussi de certains codes, comme les séquences en accéléré façon comédies muettes du début du XXème siècle, ou celles fondées sur une abondance d'images fixes, parfois métaphoriques, subliminales et comiques.

Si 2 days in New York subit quelques baisses de régime dans un rythme globalement effréné, à cause sans doute d'un effet de surenchère et de dispersion, il n'en demeure pas moins que les situations sont souvent cocasses. Les tentacules de Julie Delpy semblent s'emmêler alors qu'en réalité l'entremêlement se révèle être un tressage méthodique qui produit un joyeux désordre plutôt intelligent. En effet, le charme de 2 days in New York repose presque intégralement sur une intelligence qui se fait rare : celle de la dérision. Or, il s'avère assez jubilatoire, dans une société post-soixante-huitarde qui pullule de féministes trop sérieuses, d'en voir une, descendante directe de cette lignée, rire de ses névroses et frasques hystériques, ébranler à coups de couteau le visage lisse de sa jeunesse autant qu'elle ébranle le portrait intello de gauche dressé dans son volet précédent, 2 days in Paris, faisant ainsi preuve d'une certaine honnêteté intellectuelle dans une oeuvre pétillante, familiale et amicale (le père de la fiction est celui de la réalité tandis que Alexia Landeau et Alexandre Nahon ont cosigné le scénario) qui se détache par une maturité parfois adolescente.

Pauline Pécou

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