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Le quart d'heure du quatre-heures cinématographique et autres douceurs
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  • "Le quart d'heure du quatre-heures cinématographique et autres douceurs" regroupe des analyses, critiques, récits, points de vue personnels sur le cinéma, le théâtre et l'art. A lire avec un thé ou un chocolat chaud.
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7 mai 2012

Une gueule de caméléon

75479040_pHugo Le Guen, c'est avant tout une gueule, cachée sous une capuche mortuaire façon "Scream" ou mise à nue par les projecteurs de La Petite Loge.

"Mais qu'est-ce qu'elle a sa gueule ?" me demanderez-vous en riant de votre mauvaise blague.

Gueule d'ours des Cévennes ou des Bisounours, minois de souris ou face de rat, cette gueule n'est pas là pour illustrer les fables de La Fontaine mais elle inspire et transpire l'univers insaisissable de ce jeune artiste dans son premier spectacle "MDR et fier de l'être".

A bien y réfléchir, Hugo Le Guen serait davantage un caméléon même si, je l'accorde, la ressemblance physique est peu frappante. Pourtant, son visage passe du rouge sanglant au jaune cireux, de l'humour noir au rictus verdâtre, des joues roses au teint pâle. Parfois, les paupières du caméléon semblent lourdes. Il prend son temps et feint de dormir sous le soleil des projecteurs mais ce n'est qu'une ruse. Tout d'un coup, de la gueule de l'animal se dégaine la langue pour attraper la mouche qui a eu le malheur de s'égarer. La langue abonde, tournoie, caresse, claque, frappe, séduit, déglutit, vomit des mots, des instants et des situations qui font mouche. Le spectateur prend plaisir à s'enliser dans la salive du prédateur et lorsque ce dernier a fini de mastiquer, il se retrouve penaud, perdant le sourire gardé tout du long.

Hugo Le Guen, c'est donc une gueule dont les nombreuses facettes se lisent dans le creux d'une fossette ou le pli du front mais c'est aussi une gueule de laquelle s'échappent des fragments destabilisants, glaçants et attendrissants. De ces deux gueules multiples, on ne sait pas trop où il se situe mais on s'en moque.

"Mais une gueule, ça a bien une tare ?" me direz-vous.

Certes, il y a quelques bémols dont le plus flagrant : ce titre qui, à mon sens, n'illustre pas et ne met pas en valeur le spectacle. Ensuite, si un fil conducteur a été trouvé pour relier les différents fragments auxquels j'ai fait allusion, il est dommage que Hugo Le Guen ne renforce pas davantage ce fil en ne montrant pas suffisamment, par exemple, l'évolution des phases de deuil du personnage de Hugo. De plus, concernant la matière des personnages, si l'on sait distinguer le charon et Hugo sur scène, visuellement et par la différence entre généralité/individualité, il n'en demeure pas moins que ces personnages se font énormément échos, peut-être un peu trop, dans leur vision et leur humour. Or lorsque le personnage du serial killer intervient, apportant un univers morbide et glaçant, on peut regretter qu'il parte aussi rapidement, sans réelle intéraction entre Hugo et le charon.

Hormis ces nuances, je ne peux que féliciter Hugo Le Guen pour ce premier travail d'écriture et d'interprétation très prometteur.

Une autre grande gueule d'un autre genre disait : "C'est à moi que tu parles ?". Oui c'est bien à toi que je parle Hugo Le Guen.

Pauline Pécou

 

 

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